Au commencement

Après avoir créé Perte, en 2019 avec Mitch Riley, j’ai envisagé l’écriture d’un second spectacle comme une opportunité de faire exister cette clown à nouveau, de lui offrir un autre terrain de jeu, lui permettant de continuer à questionner le monde qui nous entoure. Dans Perte, elle a été touchée devant la beauté du banal, elle s’est extasiée devant un grain de poussière qui s’envole, a été éblouie par la simplicité d’une rencontre, et s’est révélée éclatante par le regard d’un public posé sur elle. Elle s’est montrée rêveuse, utopiste, d’une imagination débordante – surprenante même. Cette clown, curieuse et tenace, en questionnement perpétuel, cherche à savoir et surtout à comprendre ! Elle décortique, retourne les questions dans tous les sens, fait des liens, tire des conclusions, imagine des stratégies… Elle est en colère parfois, face à l’injustice de ce monde, et à cause de l’incompréhension que cela provoque en elle.

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L’imaginer dans un autre contexte m’a amenée à la faire repartir à zéro, du début, à recommencer par le commencement, ex nihilo, là où il n’y avait rien, le néant, le chaos, un ventre, l’avant, avant la naissance, là où pourront se créer et s’ordonner les choses.

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Mais en prenant vraiment les choses dans l’ordre, et le début comme point de départ, très vite arrivent les questions sans réponses, les nœuds, provoquant des digressions imprévues. Car pour commencer : par quoi commencer ?! Quand est-ce que ça commence ? Est-ce que ça n’a pas déjà commencé ?! Comment sait-on comment ça a commencé ?

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Le vertige de notre présence ici sur Terre. Qui, quand, comment… Les Humains ont essayé d’y répondre de tous temps, en racontant des histoires ou par la science. Mais au-dessus de toutes ces croyances, le doute.

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Cette nouvelle partition clownesque se fonde sur les mythes de créations préexistants, sur les cosmogonies de toutes origines, sur ces textes et iconographies sacrés ou non, comme une matière première dense. Puisant son inspiration dans les figures et les motifs qui y reviennent : l’œuf, le néant, le ciel et la terre, l’obscurité puis la lumière, l’informe et l’ordre, la création de l’Homme et de la Femme, les dieux… pour ainsi re-dérouler le fil du vivant à travers les yeux de cette clown. Faire le constat de là où la machine s’est enrayée, en cherchant d’où a bien pu venir le problème.

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A la fois créatrice et fruit de la création… elle va surtout se questionner, tenter de répondre, à chaque étape, chaque avancée dans l’histoire du vivant, de l’Humanité. 

Ruthy Scetbon